Vert'Tige, nous voisins des Halles. On aime leur sympathie, leurs mains farfouillant dans les cagettes. Leur étale bigarré de belles pommes du nord (et non chiliennes ou argentines !) et autres douces courgettes, parfumés panais, délicats citrons bergamote (humm !), ptits radis roses, tendres navets, piquants radis noirs, stupéfiants topinanbourgs... J'en oublie.

On aime l'accueil qu'ils ont fait quand l'Epicerie a posé ses valises lyonnaises dans ce bout du nord.

Donc hier en fin de journée, c'était la visite bien sympa du bâtiment agricole rénové avec des matériaux écologiques par l'Atelier du Possible. Il était possible d'aller voir de près les jeunes pousses de légumes. Le tout suivi d'une projection du film "Home" de Yann-Arthus Bertrand. J'entends d'ici les gros yeux ! Ouais YAB un écolo de salon... euh d'avion pour certains.

Toujours est-il que son film est poignant, interroge. C'est de la grosse production, c'est vrai sponsorisée par l'argent d'un grand groupe de luxe. Mais malgré tout ça, d'une façon poétique, il nous met le nez dans... le caca, plus exactement le pétrole (entre autre). Cette "poche de soleil" qu'on dilapide... CO2 et autres gaz que la nature a patiemment stocké pendant des millions d'années.

L'exemple de Dubaï, petite émirat du golfe Persique, est saisissant, ça vous dévisse. Lieu de tous les excès, des villes hallucinantes, une presqu'ile artificielle avec des zones pavillonnaires entières construites sur l'eau. Il en a fallu des tonnes de matière arrachées à la terre, transportées par ces supers tankers venant des quatre coins du monde pour construire aussi cet archipel artificiel. Aucune nature. Rêve de la démesure, économie basée sur du vent... Dubaï importe tout. L'émirat a vécu longtemps de sa manne pétrolière et gazière, de la spéculation. Plus récemment de zones d'économie défiscalisées et de plus en plus du tourisme de luxe... Le monstre a un "énorme appétit de matière" et d'ouvriers et de petits employés... Et "des montagnes de déchets"... (dixit Bernard Lavilliers in Etat des lieux).

Que faire ? Le changement est déjà là... dans des initiatives le plus souvent locales. J'ose espérer que "nous resterons sur Terre" comme dirait l'autre. Dans tous les cas hier chez Vert'Tige c'était chouette ces saucisses (locales !) au feu de bois, ces échanges, ces quelques bières au soleil couchant dans la plaine. La lune nous chatouillait.

Vive les légumes de Vert'Tige et non au pommes bio d'Argentine ! Qu'on se le dise je n'ai rien contre les producteurs argentins mais mettre en concurrence des agricultures si différentes et faire venir si massivement des légumes ou fruits des quatre coins du monde est une aberration tant écologique que sociale.

Une anecdote, on raconte qu'un jour sur un ces cordons ombilicaux autorouriers de notre économie de marché, un camion de tomates espagnoles se rendant aux Pays-Bas a percuté un camion de tomates néerlandaises à destination... de l'Espagne. Véridique ou pas cette tite histoire raconte l'absurdité du système duquel il nous faut sortir.