Le WWOOF (« World-Wide Opportunities on Organic Farms ») est un réseau mondial de fermes bio créées en Angleterre en 1971 qui se proposent d'accueillir toute personne souhaitant partager leur quotidien et leurs travaux en l'échange du gîte et du couvert.

Vous pourrez approfondir les recherches sur internet, mais en bref on travaille (30h par semaine maximum, avec plus ou moins d'intensité selon les fermes) et en échange on est logé (plus ou moins confortablement) et nourri. Impossible de décrire de façon générale une expérience de wwoofing car tout dépend de la ferme où on tombe. Le descriptif de la ferme, les commentaires des précédents wwoofers et les échanges avec les fermiers permettent de savoir un peu à quoi s'attendre.

Pour ma part, désirant fuir Lille au mois d'août et réaliser mon projet d'expérimenter wwoofing un jour, je suis partie en Suède 3 semaines l'été dernier. J'avais envie de découvrir un peu plus ce pays, mais en tant que touriste, ce n'est pas donné. Et pour le wwoofing, je me disais qu'en Suède je ne risquais pas de devoir travailler dans les champs en pleine canicule. J'avais envie de voir le côté production de l'agriculture biologique, dont la connaissance nous manque souvent, en tant que revendeurs.

La première ferme située dans l'extrême Sud de la Suède était celle de Torbjörn , un géant célibataire d'une soixantaine d'année qui produisait des oeufs, des légumes et des plantes aromatiques pour les vendre sur les marchés. A mon arrivée à 22h30 après une journée de voyage, j'avoue m'être demandée comment j'allais pouvoir vivre 10 jours dans de telles conditions ! Disons que Torbjörn était un célibataire pas très à cheval sur le ménage et le confort ! Et les wwoofers qui m'avaient précédée avaient du s'en accommoder sans problème... Torbjörn avait aménagé trois box dans le grenier, meublés chacun d'un lit de camp qui avait du voir passer beaucoup de wwoofers, d'une table et d'une chaise d'écolier, d'un spot au mur, avec les araignées, la poussière et les brins de paille ! Pour y monter, une échelle de meunier sans lumière, donnant sur une grange remplie de bric à brac. Pour les commodités, il fallait traverser la cour pour rejoindre la maison. Mes collègues Taïwannaises dormaient quant à elle dans une vieille caravane, et devaient passer par le poulailler pour s'y rendre. Bref, rudimentaire, et les nuits Suédoises sont fraîches.

A la lueur du jour le lendemain, après quelques heures de ménage, tout me parut moins hostile et j'ai passé dix jours superbes. Je sympathisai avec les autres wwoofers : un Français de Marseille, une Suisse, une Chinoise et les deux Taïwannaises. Les tâches étaient variées et intéressantes : repiquage, récolte, construction d'une serre, conduire le tracteur, ramasser les patates, pêcher les écrevisses, rentrer le foin et vendre sur le marché de Lund. L'occasion d'échanger avec les clients Suédois et d'apprendre quelques mots, même si ces jours là étaient difficiles car il fallait se lever au chant du coq. Les repas étaient l'occasion de joyeuses conversations. Nous cuisinions chacun notre tour, en partie avec les légumes et les herbes de l'exploitation, et nous ne risquions pas de mourir de faim ! Bon, j'ai du réfreiner mes envies de nettoyer toute la maison pour plutôt mettre en oeuvre mes capacités d'adaptation, mais après une journée au grand air, on dort bien, même sur un vieux lit de camp ! Pour autant les journées n'étaient pas épuisantes. Torbjörn, passant l'hiver seul au milieu de la campagne enneigée ne refusait jamais un wwoofer. Nous étions sans doute trop par rapport au travail à faire, mais cet ancien baroudeur devenu fermier accueillait surtout les wwoofers pour le plaisir de la rencontre je pense. La ferme était normalement autosuffisante en eau, mais le temps exceptionnel et le nombre de wwoofers fit que nous dûmes même aller nous doucher dans l'étable du voisin.

Je pris ensuite le train pour Nyköping, beaucoup plus au Nord, où je fus accueillie par une famille anglo-suédoise. Ce n'étaient pas des fermiers, mais un couple de médecin avec trois enfants vivant dans une maison typique avec un immense terrain, sur lequel ils avaient des ruches, un poulailler, des moutons, des bois où l'on trouvait champignons et baies. Encore une fois, c'était davantage pour le plaisir d'accueillir un étranger que par réel besoin de main d'oeuvre qu'ils ouvraient leur ferme aux wwoofers. Les conditions d'accueil étaient très différentes puisque j'avais une chambre digne d'un magazine de décoration, avec salle de bain particulière. Par contre j'étais la seule wwoofeuse et j'ai vraiment du m'intégrer à la famille, davantage comme une jeune fille au pair. J'ai planté des arbres, désherbé, clôturé, coupé du bois et surtout aidé pour la récolte du miel, car pour le coup, cela nécessitait la présence de deux adultes sans enfants en bas âge dans le coin. L'apiculture, c'est passionnant et très impressionnant ! L'intérêt du séjour a aussi été de découvrir la culture suédoise, très traditionnelle sur certains points (chasse à l'élan, proximité avec la nature...) et si progressiste sur d'autres (monsieur était en congé parental depuis 6 mois pour élever ses enfants ). Cette fois-ci, j'ai pu goûter à un bain d'eau de pluie dans une baignoire en fonte chauffée au feu de bois, à la nuit tombée, au milieu des sapins !

J'espère que cela vous donnera envie ! Il n'y a pas de limite d'âge, et il existe des fermes accueillant des wwoofers dans le monde entier. Il suffit de s'inscrire et de payer la petit cotisation dans le pays de son choix. Après c'est à vous de trouver ce qui vous convient. Au plus vous vous y prenez tôt, au plus vous avez de choix dans les fermes.